InfoMigrants a recueilli le témoignage d’un jeune Guinéen de 20 ans, expulsé d’Algérie en octobre 2017 parce que sans-papiers.
Sylla Ibrahima Sory raconte comment les autorités algériennes l’ont abandonné au milieu du désert du Sahara à plusieurs kilomètres de la première ville frontalière Nigérienne.
L’été dernier, il a voulu aller en Europe. Avec l’aide d’un passeur, il est passé au Mali, à Bamako, puis Gao, dans le but de rejoindre l’Algérie, le Maroc, avant de passer la Méditerranée et ainsi rejoindre l’Europe.
Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. Sur la route entre Gao et Tamanrasset, en Algérie, ils ont croisé des Touaregs armés.
Nous étions dans le désert. Ils nous ont tout pris, nos portables, notre argent, mêmes nos habits et nos chaussures. Quand nous sommes repartis, le passeur ne nous a pas emmenés jusqu’à Tamanrasset, comme prévu. Mais dans la ville de Timiaouine à la frontière algéro-malienne. Là, ils nous ont vendu. Il y a aussi des trafics d’êtres humains, en Algérie. Pas seulement en Libye. On nous a vendus, et on a été battus, rançonnés.
Sory a demandé de l’argent à sa famille. Après avoir payé ses ravisseurs, il a rejoint la ville de Silet, puis d’Ain Salah, Aoulef, Adrar, dans le sud de l’Algérie en taxi clandestin grâce à l’argent que lui avait envoyé sa famille, il est allé à Oran puis à Alger.
Quand je suis arrivé à Alger, on était en octobre 2017. J’ai travaillé pendant quelques jours, seulement. Et un soir, des gendarmes algériens sont venus dans la maison où je dormais avec des amis. Nous étions quatre. Ils nous ont demandé nos papiers, mais nous leur avons dit que nous n’en avions pas, que nous étions Guinéens, que nous venions d’arriver. Ils n’ont rien dit, ils nous ont juste demandé de monter dans des cars garés à côté. On a tout laissé sur place.
Le groupe a rejoint un endroit où ils ont pris leurs empreintes, des photos, puis ils sont montés dans des bus, « Il y avait beaucoup de monde, beaucoup d’Africains comme moi. La même nuit, nous avons quitté Alger à bord de ces bus pour rejoindre Tamanrasset. On nous a donné de l’eau et de quoi manger. Nous avons roulé toute la journée pour arriver vers 20h. »
Le lendemain matin, très tôt, ils sont montés dans des camions qui les ont déposés quelque part dans le désert non loin de la frontière avec le Niger.
Nous sommes tous descendus et les camions sont repartis presque immédiatement. Il n’y avait pas de femmes et d’enfants parmi nous, mais il y avait des personnes malades. Ils nous ont laissés seuls dans le désert et nous ont dit de rejoindre la frontière Nigérienne. Nous n’avions pas d’eau, pas de nourriture. Certains avaient encore des petites bouteilles d’eau de la veille, c’est tout. J’avais peur.
Après avoir marché plus de cinq heures, le groupe atteint la frontière, « Dans le désert, il y a des pick-up qui passent de temps en temps, des voitures. Si vous avez de l’argent, ces véhicules proposent de vous transporter. Sinon, ils ne vous aident pas, il faut marcher à pied sous le soleil », a déclaré Sory.
A environ 13h, le groupe croise une patrouille militaire Nigérienne qui les ont ramenés à Agadez, « Nous avons ensuite été mis en contact avec des personnes de l’OIM (organisation internationale des migrations) qui nous ont proposé un rapatriement dans nos pays respectifs. »
En novembre 2017, Sory a été rapatrié à Conakry.